Monday, November 26, 2007

LES COUPS (dans #8 de "il pleut des gouines")







Je marche. Je rentre chez nous après une journée à l’école. Je suis fatiguée, je mets la capuche de mon chandail, mon sac est lourd de tout le matos vidéo que j’ai emprunté à l’asso étudiante. Je prends le chemin le plus long, celui qui passe dans le centre ville, celui qui court parallèle à la garonne. J’aime les fleuves, ils m’apaisent, ces brèches d’eau toujours en mouvement et pourtant à l’air si immobile. Les murs en brique du vieux toulouse.
La lumière descend, ce qui donne encore plus de rouge aux briques oranges des murs. Les gens se baladent, promènent leurs chiens, prennent une bière en terrasse. Je me questionne sur mon film, le sac est lourd et je suis fatiguée. Je regarde plutôt par terre.
Des gens qui parlent fort. Non, pardon, des mecs qui parlent fort.
Devant moi cinq mecs, vestes en jeans, vestes en cuir, parlent fort en prennent la place. J’hésite, soit je passe entre eux, soit je fais un détour: ils m’ont déjà vu, je ne recule pas, je ne détourne pas, cette place est à moi.
Je fais semblant d’être encore dans mes pensées, je ne défie pas je ne me cache pas je marche.
Je les ai presque dépassés. Presque.
Je sens l’un d’entre eux derrière moi. Une bouteille de coca de 2 litres à la main il commence à la verser sur mon sac. Je me retourne je le pousse lui et sa bouteille de coca au whisky (je sens le whisky, je vais le sentir pendant des jours), elle se verse sur sa veste en cuir noir, ses copains rigolent, moi le «pédé» qui n’en est pas un tourne en ridicule la bite en veste noire, et les autres bites se moquent de lui, le «petit pédé» qui n’en est pas un est le vainqueur improbable de cette lutte sur la place publique.
Le premier coup je l’entends venir. J’entends le poing qui ouvre l’air qui me sépare de la bite en veste noire. Je l’entends venir et puis je l’entends éclater contre ma joue et mon oreille.
Instinctivement je lance un coup, je frappe le ventre de la bite en veste noire pendant que je tombe par terre. Par terre.
Avant de me faire frapper par 5 mecs dans un espace qu’on dit public, j’avais suivi de cours de boxe anglaise. Je sais donner des coups et me défendre, je sais me protéger des coups des autres. Par terre je suis restée en boule, je protège ma tête et mon ventre de la tempête de coups. Ne pas paniquer, et ne pas attendre non plus que quelqu’un des passants abandonne son chien pour venir arrêter les bites qui maintenant ont mis le «petit pédé» à terre et le couvrent de coups de pieds.
On peut apprendre à donner des coups sur un ring, sur un espace neutre, mais la rue n’est pas un espace neutre, la rue c’est l’espace des bites hétéros, c’est l’endroit où on montre la taille et l’im-puissance de sa bite, où l’on insulte, où l’on frappe, où l’on met à l’ordre ceux et celles qui ne rentrent pas dans le règles du système hétéronormatif et patriarcal.
L’homophobie dans la sphère publique n’est pas tant la haine des homosexuel-les comme celles contre ceux et celles qui ne correspondent pas aux genres construits et imposés par la société. Personne ne me demande avec qui je couche. Si je suis un «petit pédé» c’est parce que je ne corresponds pas aux normes du genre masculin: force, brutalité, comparaison de taille de bite. La perception qu’ils ont de moi est celle du «faux mec», donc celui à qui est légitime de tabasser. Un «faux mec» est perçu comme un «fif» assimilé à la catégorie des femmes, donc inférieur aux «vrais mecs», tout en n’en étant pas une.
C’est rare les femmes qui se font frapper publiquement, car un «vrai homme» ne frappe pas une femme en public (ça n’a rien de galanterie: on ne frappe pas publiquement les femmes parce qu’elles sont faibles et inférieures, de la même manière qu’on ne frappe pas publiquement les enfants. C’est la virilité du mec qui est mise en question s’il le fait). Les «vrais hommes» ont d’autres formes de violence auprès des «vraies femmes»: compliments galants, interruption de l’inconnu dans conversations entre copines, dragottage, harcèlement sexuel, jugements, insultes, viol.
Les «fausses femmes», perçues souvent comme des lesbiennes, peuvent être à leur tour frappées (car elles ne sont pas de «vraies femmes» et que dans un premier moment elles ne sont même pas perçues comme femmes) et souvent violées, dans un acte généreux du «vrai homme» qui sauve la «fausse femme» (quel mec voudrait baiser avec celle-là?) en la faisant rentrer dans le «genre féminin» via l’acte suprême du système politique hétéronormatif: le coït et le viol.
Toute personne dont le genre n’est pas clair aux yeux de la société et ses gardiens (les mâles hétéros blancs), toute personne affichant un genre qui ne correspond pas à son sexe (tous les deux, genre et sexe étant des constructions hétéronormatives imposées à l’individu), toute personne mettant en danger le mythe de l’attirance sexuelle complémentaire, est dans l’impossibilité de remplir correctement l’équation hétéronormative sexe=genre=orientation sexuelle. Plus cette impossibilité ou refus de correspondre à l’équation est visible, plus cette violence genriste se veut légitime pour garder l’ordre de la société
La violence sexiste et la violence homophobe sont des violences de genre. Les insultes, les tabassages, les humiliations, les harcèlements sexuels, les viols n’ont pas besoin de découvrir l’appareil génital ou l’orientation sexuel pour agir. Le viol commence avant même d’arracher le slip de la personne qui le souffre. Le viol n’a pas besoin d’un vagin: comme toutes les autres méthodes de violence hétéronormative, il a besoin d’un oppresseur et d’un/e opprimé/e, d’une hiérarchie de genres qui transforme l’inférieur en instrument de plaisir du supérieur. Le pouvoir et la violence font bander les maîtres du monde.
Le viol n’a pas besoin d’un vagin car il peut utiliser la bouche, l’anus, la peau, la tête, le coeur, l’âme, l’esprit, la personnalité, le futur, le présent, le sentiment de culpabilité, la douleur, la vie de la personne violée. Mais encore aujourd’hui il a besoin d’une bite. Une bite peut être physique ou symbolique: j’utilise le mot bite comme métonymie du système de pouvoir fondé sur la hiérarchisation extrêmement violente des êtres humains selon leur genre, classe, race, etc. C’est une bite blanche de classe moyenne en bonne santé. C’est un outil de destruction et humiliation de l’autre qui peut être utilisé tant par des hommes comme par des femmes, des queers, des people of colour, des gens de classe ouvrière, etc.
Car la violence existe aussi parmi nos groupes marginaux: violence entre lesbiennes, viols au sein de groupes militants anti-capitaliste, misogynie d’individus gays, homophobie vécue par des QPOC, racisme vécu par des QPOC. Souvent on a du mal à traiter cette violence au sein de nos groupes car il est difficile d’assumer que parfois on reproduit le système de domination et violence contre lequel on lutte. La solution n’est point tourner la tête, mais se rendre compte des aspects du système qu’on a intériorisé en nous sans pour autant se juger de «mauvais militants». Les «mauvais militants» (expression très ironique) sont plutôt ceux et celles qui ne se questionnent pas en pensant qu’avoir une pratique militante est égal à s’extirper complètement du système qui nous a construit tous et toutes.
Apprendre à se défendre de la violence et à attaquer cette violence dans toutes les sphères (individuelles, sociales, etc) passe par faire de l’auto-critique et de l’auto-défense à tous les niveaux. Pas de pacifismes (le monde est trop violent pour ça), mais une canalisation de la violence contre le système et pas entre nous, pas de victimisation mais des contre-attaques effectives et à la mesure de nos diverses forces et intelligences.

(lolagouine)

ZINE NETWORK AND GET THE FILE FOR #8!!





great launching of #8 on thursday the 22 nov 2007 at L'Amère à boire, the micro-brasserie at St.Denis (montreal) where the feminist happy hour took place. Great launching because there were so many new faces and it makes so fucking good to see that i don't know 70% of the feminist french-speaking community in montreal. It makes me think, that if i add all the feminist and queer anglophone people i don't know....THAT REALLY MAKES AN IMPRESSIVE NUMBER OF FEMINIST AND QUEER PEOPLE!
isn't that great?
OF COURSE!
it means we're really A BIG STRONG BUNCH OF PEOPLE!

and then this weekend was the expozine montreal.
http://www.expozine.ca/

except for the fact that the guys on the stand on my left were jerks (they were so jerks that i was forced to tell them), it was really amazing. People do really good stuff. I'm impressed.
What i love the most is the fact of meeting queer and feminist distro coming fom toronto, ottawa and montreal! What? yes, montreal has another riot feminist queer punk distro and i didn't know it!?
They work mostly with english-speaking zines, really cool stuff and people with pink hair: great t-shirts. interesting zines on indegenous issues (which i don't have for the moment), wymen health, and even a collectif zine by grrrlz from europe and north-america. And i din't know this? Specially that some people i know in europe have worked for this zine! U guess it: i fall in love with this distro and hope we'll work together:
UNDER THE PAVEMENT (anarcho/feminist distro):
www.geocities.com/underthepavement

I also learnt that there's going to be a queer zine and art festival in toronto next summer...
and i met really nice people doing very interesting queer and not queer stuff. Microcosm were there with their huge stand of great books and zines, People's Potato, SO MTL Skillshare, L'Insoumise (stand neighbours on the right)...and other great people and things i cannot even remember their names (sorry!!!)

Anyway, it means i've got so many new zines to share with all of you! I discover that i will be distributing 132 queer and feminist zines from now on!!! I'm always starving on zines so please send yours to me! I try to get my brains in order to start a real distro. I know i already do a distro but i need to find at least a name.

I got all the Doris i could (and u should get them aswell, they're great), and a lot of zines on QPOC, race riot, ableism and classism within queer community, somme issues of redwire (indegenous activist magazine), feminist activism in palestina and southeast asia, a big mama zine, angry grrrls collectif zines and some other nice stuff (as u see almost all is in english).
So back to the beginning, i was a little bit tired of moving my distro from one place to another. Sometimes i feel quite alone while i pull my boxes under the snow or i have to be behind a table for hours while all my friends are talking and having fun with each other. The expo-zine was a real good natural pill, i feel much better, motivation is bursting all over me and my bed where i read all my new zines.
Keep doing zines and diy stuff.
Keep distributing, sending, receiving, meeting new people, going to parties, festivals, and pulling boxes in the metro, under the snow, under the rain.
Keep on fighting against copy machines, get free copies as much as u can.

I almost forget!
if u want to get the .pdf file of #8 get in touch with me
lolagouine@yahoo.fr

don't send a message through the blog
as i won't get yr mail (so i won't be able to send u back the .pdf file!). And remember it's in letter format, which is a little bit different from european A4 format, but i'm sure u'll get to print it.

take care!!!

Tuesday, November 06, 2007

# 8 lancement zine launching!



IL PLEUT DES GOUINES #8 / IT'S RAINING DYKES # 8

ton favourite bilingual Radical Queer Zine est de retour en ville,

the subject?
CECI EST NOTRE ESPACE (donc, comment nous queer ressentons, construissont et récupéront l'espace urbain)
/THIS IS OUR SPACE! (so how we, queers feel and build and take back the urban space)


- our spaces, our words (queer spaces experiences et réfexions à montréal -centre 2110- et à madrid - la eskalera karakola-)
- CentresSociauxAutogérés
- homophoby/genderphoby: getting battered in the outside world
- un Village à nous?: et si on ne le veut pas
- la necessité des "ghettos": queer ghettos, QPOC ghettos, POC ghettos, only-girlz ghettos, ou comment la société dominante se sente elle exclue.
- take the city back
- build your own backroom
- lovely winter montreal
- boîte à zines
- riot queer comix

et une belle carte en-construction des espaces queer and queer-friendy à MTL!
and a beautiful on-progress map of queer and queer-friendly spaces in MTL!

(envoyez vos propositions pour la carte!/send yr propositions for the map)

LANCEMENT ZINE LAUNCHING

22 NOV 2007
5pm-7pm

pendant “LE” 5 à 7 Féministe/
during “THE” Feminist Happy Hour
L’Amère à boire, 2049, rue St-Denis,
metro berri-uqam / sherbrooke



for comments/questions/propositions/critics/ideas/whatever....(ilpleutdesgouines/it'srainingdykes)
looks for queer people wanting to take part in the adventure!)


lolagouine@yahoo.fr
ilpleutdesgouines.blogspot.com

ups!



Petit changement,

de la couleur sur des affiches et des affiches pas forcement queers...
serai-je en train de me vendre sur le marché?

C'est l'affiche pour le festival de jeunes chorales non-réligieuses qui organise ma grande tite soeur, donc ça vaut bien la peine de la faire cette affiche pour la voir contente.

Des affiches partout avec des arbres qui chantent,crient ou parlent, affiches écolochanteuses....
à vous de juger.

Saturday, November 03, 2007

LES VILLES QUI NOUS ENFERMENT




Promenade sur Ontario.
Pour celles qui ne sont pas à Montréal: Ontario, quartier Hochelaga, est la victime de la gentrification incesente de nos villes occidentales. Dans chaque ville il y a un Ontario, un quartier, une rue populaire qui se fait démolir et squatter legalement par l'urbanisme capitaliste.

L'urbanisme est politique.
L'architecture est politique.

Car ils façonne notre façon de bouger, d'exister, d'habiter et de percevoir un space. Ils interdissent, ils previennent, ils limitent. L'urbanisme capitaliste donne la priorité aux classes moyennes-bourgoises, à la police, à l'état. Il laisse de moins en moins la place pour des espaces autres, des fichtres, des lieux libres, des lieux à squatter, à s'organiser et à vivre.
Les avenues parisiennes ont été construites pour éviter les barricades et les émeutes après la Commune. À Barcelone on gentrifie le Raval et la Barceloneta, des quartiers non intégrés aux système grille de la ville, des endroits où les murs appartiennent à ceux qui marchent et les vêtements pendent encore en dehors des fênetres (cette pratique a été interdite dans toutes les villes de l'espagne). À Berlin on efface le Mur, et pas seulement matériellement: on augmente les loyers, on nettoye, on capitalise car tout le monde sait que le capitalisme est la voie du bonheur.


Les sans-logements, sans-boulots, sans-papiers, sans-identités sont évictés de nos grandes villes depuis longtemps. On les balaie ailleurs, dans des cités incommuniquées et insalubres, ailleurs on ne sait pas où, mais pas ici.
Les militants, les temps-partiels, les salaires-minimum, les non-heritiers, sont aussi évictés des villes. Le centre ville appartient à une classe moyenne élévée qui rêve d'être bourgeoise pour partir dans les banlieus propres (encerclées souvent pas des grilles au cas où quelqu'un des cités oserait y aller se promener). Les ancients habitants de ces quartiers, expulsés légalement et immoralement, vendent maintenant L'Itinérant aux nouveaux habitants.

Ontario est l'une de seules rues à Montréal qui change de nom: en arrivant au centre ville elle devient Avenue du President Kennedy. C'est peut-être parce que ça ne le fait pas d'habiter, de travailler sur la rue Ontario quand on est un grand fonctionnaire, un avocat, un quelconque qui ne veut pas se tâcher les mains avec la crasse propre à la rue Ontario.

Nos villes occidentales ont de quoi nous inquiéter.
Surtout parce que le milieu militant réagit mieux aux lois, aux propos écrits et verbaux des nos gouvernements qu'à la mise en pratique d'un capitalisme féroce sur l'espace. C'est ça ni plus ni moins cet urbanisme: des briques autoritaires autour de nos luttes. Tant qu'on ne réagît pas à cette construction de prison-villes, le chemin de nos idéaux et de nos luttes restera bloqué.
La révolution a besoin d'être pensée mais elle a besoin de l'espace pour exister.

Monday, September 17, 2007

ONE WEEK


As maybe some of you know, I make some illustrations for the feminist toronto-based magazine SHAMELESS. The last ones (which are in the blog) were the ones with the riot girl group singing and playing guitar. This drawing is being also used by ladyfest torino (it's happening this weekend, good luck!), which is quite eco-nice: let's re-use drawings in a responsible way, that'is, as torino ladies did, telling the pen-and-paper person that they're going to do it and explaining what the project is. You can be sure that if the project follows a radical feminist, queer, eco, alternative, underground path, i'll be more than happy to share drawings with you!.

As always, i'm not following the straight way (well well, big surprise). Let's go back to magazine drawings.
I was asked to make the illustrations of the special feature of next month (october) issue. The long article, called "one week" is a diary-like text on surviving one week without using big money-makers-slave-contidions labels, and it has been written by a teen girl who made the difficult experience. I found the article to be very clear. She struggles to spend a day without those labels, not because she's an addict to coke (maybe you know, as i do, some activist who happen to be addicts to coke), but because big labels are hiding in many of the products we consume every day!!! One week seems nothing but when i first read the article, i thought..."i may tried this myself..."
Even in Europe, where i'm right now, one week is quite a long time with no big-kkkap
label. And Europe is not North America, where big-kkk are everywhere around...
This is not a passive article, you should read it (http://www.shamelessmag.com/) and then do it right away. Look in yr fridge and yr cupboard and think about what you find. Look in yr closet and be ready to be shocked by yr t-shirt origins.
Who said that closet monster do not exist?
They are more real than what you ever thought when you were little.

Thursday, September 13, 2007

CARNET DE VOYAGE: CAMBODGE ET VIETNAM














Reapparue encore en Occident depuis 24h,
je m'ennuye déjà des bruits incessants, des "couches sonores et spatiales" comme elle dit ma co-voyageuse-amoureuse. Des vie-villes aux couleurs impossibles de la soie, du bambou et des épices. Des motos-dops claxonnantes, des chapeaux en papier de riz, de l'occupation publique de la rue par tout le monde.
La rue est aux gens, les gens ne sont pas à la rue.
Le public est à tout le monde
et le privé se developpe autrement, dans les sentiments et dans la sphère de la famille.
Reapparue en occident depuis 24h,
je suis contente de retrouver la logique occidentale, si previsible et si visible. Pas de surprises au prochain coin de rue (une moto-dop transportant une famille de 5 individus, un stand d'araignées, un rat qui essaie de traverser, un groupe de lycéennes en ao dai de soie blanche), pas de "oui, oui" qui veulent dire "non" mais qui n'osent pas car dire "non" est impoli. Peut-être dans 24h j'en aurai déjà assez de cette pre-visibilité qui rassure en ce moment mon esprit fatigué du voyage. Et je m'ennuyerai alors d'une société où le chaos est bienvenu comme un élément "normal, naturel" (excusez-moi d'utiliser ces mots, mais rien d'autre me vient en tête pour exprimer cette idée), pas comme un danger à éviter.
Dans la période de la moisson il pleut et personne essaie d'arrêter la pluie, car même la pluie torrentielle est nécessaire pour les rizières. Le chaos il est aussi peut-être necessaire pour la liberté émotionelle de l'être humain.

En occident on rationalise tout: le traffic, les constructions, les mots.
Et cela a ses effets très positifs: une meilleure santé, un moindre danger d'accident, un plus haut niveau de vie (santé, éducation, logement accesible à une plus grande partie de la population qu'en asie du sud-est).
Aussi un plus taux de suicides et un plus petit nombre d'enfants jouant dans les rues.
Plus de peur.
Car on ne sait pas comment faire avec le chaos et les accidents et le prochain minute de nos vies.
Plus de peur du futur et donc, moins de vie au présent.

En Asie du sud-est le bruit est insupportable.
La foule de motos et de gens est insupportable.
Retrouver le calme des rues européennes après un mois en asie est le plus grand bonheur du retour. Retrouver ses répères: des langues, des façon d'être, des temperatures, de la nourriture, des objets. Et ne plus les donner pour acquis, réaliser à quel point on est façonnés par notre culture, et à quel monde ce qu'on pense être universel n'est que très particulier.
Réaliser aussi que, finallement, avec tous ces defauts, on se sent bien quand on rentre chez soi.
Finallement, voyager est une belle manière de se donner les moyens et les elements pour reflechir à soi même et à la société dans laquelle on habite. Le voyage nous met dans des positions autres que celles dont on a l'habitude. Il explose nos certitude et nous pose des questions, parfois mechament.
Et cela est valable pour tous les voyages, il n'est pas necessaire de partir en asuie du sud-est pour sentir de petits chocs culturels.


Mais revenons au grand choc culturel de l'asie du sud est.


Le cambodge et le vietnam. Y en a d'autres encore dans la region (la Thailande, La Birmanie et le Laos, et puis la constellation de la Malaisie), mais comme j'y ne me suis pas baladé, je n'en parlerai pas.
Le Cambodge et le Vietnam sont deux pays qui évoquent tout de suite la guerre.
Des pays de guerre où la guerre est déjà finie mais elle semble interminable.
Des pays habités par des phantômes: les âmes de ceux qui sont morts et qui n'ont pas été enterrés, des âmes sans repos qui vennent hanter les nuits les memoires et rêves de ceux qui ont vécus et qui vivent ces guerres.
Une guerre ne se finie pas avec un traité de paix ou la redition de l'une de parties. Dans la prison S21 (actuellement le musée du genocide Tuol Sleng "l'arbre au poison"), les photos et tableaux de 17.000 personnes assasinés entre ses murs regardent fixement le visiteur. "Ne pas rigoler" marque un panneau à l'entrée du batiment: il n'y a rien de quoi rigoler ici. On sent l'angoisse et le poids insupportable, les cris et les traces. Les phantômes.
"Here, when it is dark, trees and plants moan in awful harmony. When the ghostly music begins it unhinges the soul and the entire wood looks the same no matter where you are standing. Not a place for the timid. Living here one could go mad or be frightened to death. Sparkling incence sticks glowed night and day at the altar from that day forward". The Sorrow of War. Par Bao Ninh. Veteran de guerre dans l'armée du vietnam du nord. La traversée de la zone demilitarisée (DMZ, parallel 17 séparant avant la guerre le vietnam du nord et celui du sud), l'une de parties les plus militarisée au monde. On sent la secheresse. On sent les mines qui tuent et blessent encore. L'agent orange qui deforme encore. Les cicatrices du napalm encore visibles.

A Ho Chi Minh city (le saigon avant la guerre) il y a le musée de restes de la guerre.
Il pleut en moisson sur les tanques et missiles américain exposés à l'extérieur, et comme à Tuol Sleng, ici on ne rigole point.

Les khmer sont le peuple le plus souriant que je n'ai jamais vu. Ils te regardent et sourient avec un sourire impossiblement beau. Le sourire vient peut-être de la joie de se savoir myraculeusemnt vivants. Parfois, avec nos têtes d'occidentaux, on peut penser qu'ils se moquent de nous, c'est peut-être parce qu'on ne connais pas assez le valeur de la vie. Au Cambodge on rit et c'est peut-être une façon d'envoyer les phantômes se proméner ailleurs, ou de leur dire que tout va bien ici bas, comme une manière de leur parler encore de la vie.

Au vietnam, on offre du riz au buddha. On fait des marionettes d'eau et on joue à cueillir le riz dans les rizières. Le riz est sacré car la nourriture est sacrée et que le riz est avec l'eau, la source de vie des vietnamiens.

Riz et sourire.

Pas grande chose.
Mais énorme.

Thursday, June 14, 2007

GRAVURES ET AMOUR






LE PAPIER AMOUREUX.


Quand on fait de la gravure, on choisit le papier le plus beau et on le met, avec des gants bien propres, dans l’eau. Avec la plus grande des douceurs, pour éviter des plis qui se verront plus tard, on le fait pendre sur un fil pour qu’il s’étire, pour qu’il se montre, pour qu’il respire, pour qu’il boit toute l’eau, sans qu’il se noie. Le papier, comme l’amour, peut se noyer si on lui donne trop à boire d’un seul coup.
Ensuite, on le couche sur des linges doux en coton et avec un rouleau on le masse toutes les fois qu’il nous le demande ou jusqu’à qu’on se fatigue. Le papier, comme l’amour, doit être humide mais pas inondé.
Ce n’est qu’à ce moment-là qu’on pourra le mettre sur la plaque qu’on a gravée préalablement, et puis passer le tout à la grande presse. Si on n’a pas bien fait les choses depuis le début, la presse se charge de détruire notre plaque, notre papier ou tous les deux. C’est ce qui arrive aussi avec la vie, les problèmes et les circonstances de tous les jours quand ils passent roulants sur nos relations.
Mais si tout va bien (il n’y a pas de recettes miracles), le papier humide devient amoureux de l’encre et va la chercher dans tous les petits creux, dans les lignes les plus fines et dans les recoins les plus compliqués qu’on a gravé sur la plaque.
Voilà le grand secret de la gravure : tout dépend de comment on a préparé le papier pour qu’il soit amoureux de l’encre.


C’est après l’une des lectures que j’ai faite de D’AIMANCE par Françoise Leclère, que j’ai commencé à dessiner une série de dessins avec le projet de les mettre en gravure. Il y a des années de cela, j’ai eu le temps de perdre les dessins originaux.
Avec le temps et les expériences, les nouveaux dessins, qui sont arrivés à l’étape gravure, ne sont plus une illustration du texte mais une réflexion sur l’amour. En utilisant les éléments clés du livre (le sentiment amoureux –le cœur-, la puissance créatrice –la littérature, le texte-, et l’être aimée –la coccinelle-) les gravures cherchent à interroger la complexité vertigineuse de l’amour et des relations amoureuses.

Comment on exprime son amour sur un nuage tandis que l’autre est en tout ce qui nous entoure, comment on devient parfois ce que l’autre veut que l’on soit ou comment on devient tout simplement l’autre, comment on se laisse bercer et emporter par l’autre, comment la créativité (qui est individuelle, unique et puissante) peut servir ou pas de parachute quand l’amour se brise ou qu’on le brise sous nos pieds, comment on se questionne sur où l’on va avec cet autre, sur l’amour, sur la relation, sur nos désirs.

Les relations amoureuses que je veux ont le goût sucré-amère du challenge.
Les relations amoureuses parfaites sont celles qui sont fières de leurs imperfections, de leurs va-et-vient, hauts-et-bas, branches, prolongations, hivers et printemps. Qui s’adaptent et qui ne suivent jamais une ligne droite.
On peut très bien être lesbiennes et jamais mettre en cause le mythe amoureux. Ce n’est pas parce qu’on cherche une princesse rose qu’on est plus loin dans notre réflexion sur l’amour. C’est le jour où l’on ne voudra plus de princesses roses. Où l’on ne se satisfera de moitiés d’oranges mais de personnes à part entière.

Tuesday, June 12, 2007

Summertime



After a long break flying from France to Berlin to my home city in Spain, here I'm back in Toulouse for some days. What can i tell you about this European tour? Please go to Berlin if you need to go somewhere to refresh yr head and soul.
And please go to berlin just beacuse, we don't need any excuse to ride around this city!

Berlin, this is the subject of "It's raining dykes" #8 (so all good places and pervert people will be there), but let's not go to fast....number 7 is not yet in the streets, it's just aout from the oven: all in flash green talking about this Ville rose (the pink city, as we called Toulouse in French, why? just read the zine!!) and the launching will be held on thursday 14th of june at 19h in a new lesbian coffe called Vert-Caramel (45 rue des Paradoux, Toulouse).

During the meantime (it means my 3 minutes of spare time) i've been drawing a lot and making engraving for an exhibition (for the launching). Also reading and learning how to tell a story, to be able one day of writing a long and good comix.

I stop now.
Let's have a good summer.

Monday, April 30, 2007

QUEER ZINE TALE








#traduction en français la semaine prochaine, c'est promis!#

Here u've got the zine queer tale that has taken all my neurones from the last weeks.

Queer zine history, as any underground media history, is difficult to explain and find as not many people take care of collecting all the information, as all the information is not easily available. I think that's the way it is because, even if I also think that we should be aware of history, it reflects a non-hierachical network system, where there is no real "first" of "major" one. Maybe the only solution to a non-hierarchical, non-established history that respects this notion of network and personal creation is to collect everything and make everyone has acces to everything. For me the Queer Zine Archive Project (QZAP) is a great solution for our lack of history information on queer zines. And everyone making queer zines should be actif in supporting it in a kind of political engagement: we are queers and we do queer zines for all queers in the world. Let's use internet if it can help us. Let's use mail. Let's use festivals, meetings, books, radios, concerts, demonstrations. Let's travel and bring our stuff with us, let's distro and exchange.

This zine queer tale is not a perfect one: many names, people, places are missing. I'm aware of that. All zines, people, places are equally important for the network. This is not a history og big names but a history of big ideas.
I did my best with the information I had, but I'm ready, and hopeful, to change things around, add, draw more and more pages. I want to know more about European, African, Asian, South American queer zines. This shouldn't be a North American centered tale, but for the moment it is. That's easy to change if we (non North American queer zinesters) want to, so let's change it.


Thanx so much for all the groups and individuals supporting this project (Milo and Chris from the Qzap, Nina from Echo Records and Riot Grrrl Europe, Derek, Elena, the Broken Pencil articles, cha, sev, marion, rinka and véro).
Thanx to the Queeruption Vancouver organizers (specially the zine "master" Reece)

and merci to sonia and catmates for the cozy bed!!!

Entzaubert fest in berlin


for those of you in europe....

there is a great queer diy film festival in berlin from the 15th to the 19th may: ENTZAUBERT FEST
(ok, all that is already in the poster but i don't mind repeating myself)
I'll be there with the old zines, the new ones and some surprises...
For more info,

entzaubertfest@yahoo.fr
www.myspace.com/entzaubert

Thursday, April 26, 2007

for those who may think i have disappeared...

NO, not yet, i'm just busy working on a film about latino community in Montreal. It's taking all my time and neurones, but it's fascinating.
I have some new strips for #7, which will be ready for the second week of may (just a month late is not too bad).And of course, the comix about queer zines is coming next week, i cannot waiiiiiiittttt.


It wasn't easy going back to europe but here i am and the sun is shining on southern france. My only fear is loosing the amazing energy Montreal and friends over there gave me. I'm working hard to stay moving aroung, drawing and thinking. I feel lazy, but I'm learning to take my time in order to get nourrished from my every day experiences, better than just chewing them down.

Thanx for all the people leaving comments, it's great!!
But i cannot answer you because your mail adress is covered but a no-reply one...so write yr adress in yr ms if you want an answer.

So, see u next week!!!

Wednesday, April 04, 2007

shameless


hi everyone,
i've always been fascinated by shameless grrlz. I think that's why i feel so close to riot grrrlz and that's the reason why grrrlz playing punk and rock music come often to my mind while thinking on shameless grrrlz. Not that i want to reduce riot grrrlz to only girls bands, but that's one of the most effectif ways riot grrrlz ideology and 3rd wave feminism came in contact with young girls and women. At least, that was my case.
So, when i was asked to make an illustration for the feminist toronto-based shameless magazine on their article "shameless", grrrlz screaming truth and playing electric guitars were the first to came onto the paper.
As inspirational soundtract, i listened to 7 year bitch and tribe 8 as high as i could.

Wednesday, March 14, 2007

IL PLEUT DES GOUINES #6!!!





YESYESYES


voici quelques strips du number 6 de "il pleut des gouines" le plus beau, kinky et drôle jusqu'à maintenant (il n'y pas que moi qui le pense).
C'est aussi le dernier que je fais à montréal (je continue à en faire en europe, don't worry) jusqu'en septembre, où je reviendrai avec une pile savoureuse de nouveaux numéros.
Merci aus gouines, pédés, trans, hétérotes, chats et chiens qui ont soutenu ce projet et fait travailler mes neurones et mon feutre!!

Amusez-vous!!!

ce zine et copyfree, donc imprimer et partagez-le avec vos amies.

post-spider (from #6)





post spider is back in this issue, more spicy and more naughty than ever, it may be smashed by a pathetic vegetarian dyke (???? oh no!!!).

top ten montréal #10 (from #6)





le dernier top ten montréal et à double page.
J'aimerais rentrer en europe en crazy carpet!!!

revolution (from #6)





dans ce numéro j'ai introduit des illustrations de ma vie de tous les jours, ou presque, à Montréal. Des lieux et des personnes que j'aime sans forcement faire des blagues ou des questionnement politiques. N'empêche que certains de ces dessins montrent un côté militant de montréal, comme celui-ci. Revolution est un atelier des vélos tenu par des gouines anglophones. On peut aussi aller se faire couper les cheveux ou voir des expos queers.
Et c'est mon illustration préférée du #6.

free me, my love (from #6)






ceci c'est le strip préféré de ma copine et de mes collocs parce qu'il me ressemble pas mal.....j'aime le côté exagéré du dessin et la répétition du décor et des panels.
Amusez-vous!!!

trip pour new york (from #6)



thinking polyamorous (from #6)