Thursday, September 13, 2007

CARNET DE VOYAGE: CAMBODGE ET VIETNAM














Reapparue encore en Occident depuis 24h,
je m'ennuye déjà des bruits incessants, des "couches sonores et spatiales" comme elle dit ma co-voyageuse-amoureuse. Des vie-villes aux couleurs impossibles de la soie, du bambou et des épices. Des motos-dops claxonnantes, des chapeaux en papier de riz, de l'occupation publique de la rue par tout le monde.
La rue est aux gens, les gens ne sont pas à la rue.
Le public est à tout le monde
et le privé se developpe autrement, dans les sentiments et dans la sphère de la famille.
Reapparue en occident depuis 24h,
je suis contente de retrouver la logique occidentale, si previsible et si visible. Pas de surprises au prochain coin de rue (une moto-dop transportant une famille de 5 individus, un stand d'araignées, un rat qui essaie de traverser, un groupe de lycéennes en ao dai de soie blanche), pas de "oui, oui" qui veulent dire "non" mais qui n'osent pas car dire "non" est impoli. Peut-être dans 24h j'en aurai déjà assez de cette pre-visibilité qui rassure en ce moment mon esprit fatigué du voyage. Et je m'ennuyerai alors d'une société où le chaos est bienvenu comme un élément "normal, naturel" (excusez-moi d'utiliser ces mots, mais rien d'autre me vient en tête pour exprimer cette idée), pas comme un danger à éviter.
Dans la période de la moisson il pleut et personne essaie d'arrêter la pluie, car même la pluie torrentielle est nécessaire pour les rizières. Le chaos il est aussi peut-être necessaire pour la liberté émotionelle de l'être humain.

En occident on rationalise tout: le traffic, les constructions, les mots.
Et cela a ses effets très positifs: une meilleure santé, un moindre danger d'accident, un plus haut niveau de vie (santé, éducation, logement accesible à une plus grande partie de la population qu'en asie du sud-est).
Aussi un plus taux de suicides et un plus petit nombre d'enfants jouant dans les rues.
Plus de peur.
Car on ne sait pas comment faire avec le chaos et les accidents et le prochain minute de nos vies.
Plus de peur du futur et donc, moins de vie au présent.

En Asie du sud-est le bruit est insupportable.
La foule de motos et de gens est insupportable.
Retrouver le calme des rues européennes après un mois en asie est le plus grand bonheur du retour. Retrouver ses répères: des langues, des façon d'être, des temperatures, de la nourriture, des objets. Et ne plus les donner pour acquis, réaliser à quel point on est façonnés par notre culture, et à quel monde ce qu'on pense être universel n'est que très particulier.
Réaliser aussi que, finallement, avec tous ces defauts, on se sent bien quand on rentre chez soi.
Finallement, voyager est une belle manière de se donner les moyens et les elements pour reflechir à soi même et à la société dans laquelle on habite. Le voyage nous met dans des positions autres que celles dont on a l'habitude. Il explose nos certitude et nous pose des questions, parfois mechament.
Et cela est valable pour tous les voyages, il n'est pas necessaire de partir en asuie du sud-est pour sentir de petits chocs culturels.


Mais revenons au grand choc culturel de l'asie du sud est.


Le cambodge et le vietnam. Y en a d'autres encore dans la region (la Thailande, La Birmanie et le Laos, et puis la constellation de la Malaisie), mais comme j'y ne me suis pas baladé, je n'en parlerai pas.
Le Cambodge et le Vietnam sont deux pays qui évoquent tout de suite la guerre.
Des pays de guerre où la guerre est déjà finie mais elle semble interminable.
Des pays habités par des phantômes: les âmes de ceux qui sont morts et qui n'ont pas été enterrés, des âmes sans repos qui vennent hanter les nuits les memoires et rêves de ceux qui ont vécus et qui vivent ces guerres.
Une guerre ne se finie pas avec un traité de paix ou la redition de l'une de parties. Dans la prison S21 (actuellement le musée du genocide Tuol Sleng "l'arbre au poison"), les photos et tableaux de 17.000 personnes assasinés entre ses murs regardent fixement le visiteur. "Ne pas rigoler" marque un panneau à l'entrée du batiment: il n'y a rien de quoi rigoler ici. On sent l'angoisse et le poids insupportable, les cris et les traces. Les phantômes.
"Here, when it is dark, trees and plants moan in awful harmony. When the ghostly music begins it unhinges the soul and the entire wood looks the same no matter where you are standing. Not a place for the timid. Living here one could go mad or be frightened to death. Sparkling incence sticks glowed night and day at the altar from that day forward". The Sorrow of War. Par Bao Ninh. Veteran de guerre dans l'armée du vietnam du nord. La traversée de la zone demilitarisée (DMZ, parallel 17 séparant avant la guerre le vietnam du nord et celui du sud), l'une de parties les plus militarisée au monde. On sent la secheresse. On sent les mines qui tuent et blessent encore. L'agent orange qui deforme encore. Les cicatrices du napalm encore visibles.

A Ho Chi Minh city (le saigon avant la guerre) il y a le musée de restes de la guerre.
Il pleut en moisson sur les tanques et missiles américain exposés à l'extérieur, et comme à Tuol Sleng, ici on ne rigole point.

Les khmer sont le peuple le plus souriant que je n'ai jamais vu. Ils te regardent et sourient avec un sourire impossiblement beau. Le sourire vient peut-être de la joie de se savoir myraculeusemnt vivants. Parfois, avec nos têtes d'occidentaux, on peut penser qu'ils se moquent de nous, c'est peut-être parce qu'on ne connais pas assez le valeur de la vie. Au Cambodge on rit et c'est peut-être une façon d'envoyer les phantômes se proméner ailleurs, ou de leur dire que tout va bien ici bas, comme une manière de leur parler encore de la vie.

Au vietnam, on offre du riz au buddha. On fait des marionettes d'eau et on joue à cueillir le riz dans les rizières. Le riz est sacré car la nourriture est sacrée et que le riz est avec l'eau, la source de vie des vietnamiens.

Riz et sourire.

Pas grande chose.
Mais énorme.

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