Monday, November 26, 2007

LES COUPS (dans #8 de "il pleut des gouines")







Je marche. Je rentre chez nous après une journée à l’école. Je suis fatiguée, je mets la capuche de mon chandail, mon sac est lourd de tout le matos vidéo que j’ai emprunté à l’asso étudiante. Je prends le chemin le plus long, celui qui passe dans le centre ville, celui qui court parallèle à la garonne. J’aime les fleuves, ils m’apaisent, ces brèches d’eau toujours en mouvement et pourtant à l’air si immobile. Les murs en brique du vieux toulouse.
La lumière descend, ce qui donne encore plus de rouge aux briques oranges des murs. Les gens se baladent, promènent leurs chiens, prennent une bière en terrasse. Je me questionne sur mon film, le sac est lourd et je suis fatiguée. Je regarde plutôt par terre.
Des gens qui parlent fort. Non, pardon, des mecs qui parlent fort.
Devant moi cinq mecs, vestes en jeans, vestes en cuir, parlent fort en prennent la place. J’hésite, soit je passe entre eux, soit je fais un détour: ils m’ont déjà vu, je ne recule pas, je ne détourne pas, cette place est à moi.
Je fais semblant d’être encore dans mes pensées, je ne défie pas je ne me cache pas je marche.
Je les ai presque dépassés. Presque.
Je sens l’un d’entre eux derrière moi. Une bouteille de coca de 2 litres à la main il commence à la verser sur mon sac. Je me retourne je le pousse lui et sa bouteille de coca au whisky (je sens le whisky, je vais le sentir pendant des jours), elle se verse sur sa veste en cuir noir, ses copains rigolent, moi le «pédé» qui n’en est pas un tourne en ridicule la bite en veste noire, et les autres bites se moquent de lui, le «petit pédé» qui n’en est pas un est le vainqueur improbable de cette lutte sur la place publique.
Le premier coup je l’entends venir. J’entends le poing qui ouvre l’air qui me sépare de la bite en veste noire. Je l’entends venir et puis je l’entends éclater contre ma joue et mon oreille.
Instinctivement je lance un coup, je frappe le ventre de la bite en veste noire pendant que je tombe par terre. Par terre.
Avant de me faire frapper par 5 mecs dans un espace qu’on dit public, j’avais suivi de cours de boxe anglaise. Je sais donner des coups et me défendre, je sais me protéger des coups des autres. Par terre je suis restée en boule, je protège ma tête et mon ventre de la tempête de coups. Ne pas paniquer, et ne pas attendre non plus que quelqu’un des passants abandonne son chien pour venir arrêter les bites qui maintenant ont mis le «petit pédé» à terre et le couvrent de coups de pieds.
On peut apprendre à donner des coups sur un ring, sur un espace neutre, mais la rue n’est pas un espace neutre, la rue c’est l’espace des bites hétéros, c’est l’endroit où on montre la taille et l’im-puissance de sa bite, où l’on insulte, où l’on frappe, où l’on met à l’ordre ceux et celles qui ne rentrent pas dans le règles du système hétéronormatif et patriarcal.
L’homophobie dans la sphère publique n’est pas tant la haine des homosexuel-les comme celles contre ceux et celles qui ne correspondent pas aux genres construits et imposés par la société. Personne ne me demande avec qui je couche. Si je suis un «petit pédé» c’est parce que je ne corresponds pas aux normes du genre masculin: force, brutalité, comparaison de taille de bite. La perception qu’ils ont de moi est celle du «faux mec», donc celui à qui est légitime de tabasser. Un «faux mec» est perçu comme un «fif» assimilé à la catégorie des femmes, donc inférieur aux «vrais mecs», tout en n’en étant pas une.
C’est rare les femmes qui se font frapper publiquement, car un «vrai homme» ne frappe pas une femme en public (ça n’a rien de galanterie: on ne frappe pas publiquement les femmes parce qu’elles sont faibles et inférieures, de la même manière qu’on ne frappe pas publiquement les enfants. C’est la virilité du mec qui est mise en question s’il le fait). Les «vrais hommes» ont d’autres formes de violence auprès des «vraies femmes»: compliments galants, interruption de l’inconnu dans conversations entre copines, dragottage, harcèlement sexuel, jugements, insultes, viol.
Les «fausses femmes», perçues souvent comme des lesbiennes, peuvent être à leur tour frappées (car elles ne sont pas de «vraies femmes» et que dans un premier moment elles ne sont même pas perçues comme femmes) et souvent violées, dans un acte généreux du «vrai homme» qui sauve la «fausse femme» (quel mec voudrait baiser avec celle-là?) en la faisant rentrer dans le «genre féminin» via l’acte suprême du système politique hétéronormatif: le coït et le viol.
Toute personne dont le genre n’est pas clair aux yeux de la société et ses gardiens (les mâles hétéros blancs), toute personne affichant un genre qui ne correspond pas à son sexe (tous les deux, genre et sexe étant des constructions hétéronormatives imposées à l’individu), toute personne mettant en danger le mythe de l’attirance sexuelle complémentaire, est dans l’impossibilité de remplir correctement l’équation hétéronormative sexe=genre=orientation sexuelle. Plus cette impossibilité ou refus de correspondre à l’équation est visible, plus cette violence genriste se veut légitime pour garder l’ordre de la société
La violence sexiste et la violence homophobe sont des violences de genre. Les insultes, les tabassages, les humiliations, les harcèlements sexuels, les viols n’ont pas besoin de découvrir l’appareil génital ou l’orientation sexuel pour agir. Le viol commence avant même d’arracher le slip de la personne qui le souffre. Le viol n’a pas besoin d’un vagin: comme toutes les autres méthodes de violence hétéronormative, il a besoin d’un oppresseur et d’un/e opprimé/e, d’une hiérarchie de genres qui transforme l’inférieur en instrument de plaisir du supérieur. Le pouvoir et la violence font bander les maîtres du monde.
Le viol n’a pas besoin d’un vagin car il peut utiliser la bouche, l’anus, la peau, la tête, le coeur, l’âme, l’esprit, la personnalité, le futur, le présent, le sentiment de culpabilité, la douleur, la vie de la personne violée. Mais encore aujourd’hui il a besoin d’une bite. Une bite peut être physique ou symbolique: j’utilise le mot bite comme métonymie du système de pouvoir fondé sur la hiérarchisation extrêmement violente des êtres humains selon leur genre, classe, race, etc. C’est une bite blanche de classe moyenne en bonne santé. C’est un outil de destruction et humiliation de l’autre qui peut être utilisé tant par des hommes comme par des femmes, des queers, des people of colour, des gens de classe ouvrière, etc.
Car la violence existe aussi parmi nos groupes marginaux: violence entre lesbiennes, viols au sein de groupes militants anti-capitaliste, misogynie d’individus gays, homophobie vécue par des QPOC, racisme vécu par des QPOC. Souvent on a du mal à traiter cette violence au sein de nos groupes car il est difficile d’assumer que parfois on reproduit le système de domination et violence contre lequel on lutte. La solution n’est point tourner la tête, mais se rendre compte des aspects du système qu’on a intériorisé en nous sans pour autant se juger de «mauvais militants». Les «mauvais militants» (expression très ironique) sont plutôt ceux et celles qui ne se questionnent pas en pensant qu’avoir une pratique militante est égal à s’extirper complètement du système qui nous a construit tous et toutes.
Apprendre à se défendre de la violence et à attaquer cette violence dans toutes les sphères (individuelles, sociales, etc) passe par faire de l’auto-critique et de l’auto-défense à tous les niveaux. Pas de pacifismes (le monde est trop violent pour ça), mais une canalisation de la violence contre le système et pas entre nous, pas de victimisation mais des contre-attaques effectives et à la mesure de nos diverses forces et intelligences.

(lolagouine)

ZINE NETWORK AND GET THE FILE FOR #8!!





great launching of #8 on thursday the 22 nov 2007 at L'Amère à boire, the micro-brasserie at St.Denis (montreal) where the feminist happy hour took place. Great launching because there were so many new faces and it makes so fucking good to see that i don't know 70% of the feminist french-speaking community in montreal. It makes me think, that if i add all the feminist and queer anglophone people i don't know....THAT REALLY MAKES AN IMPRESSIVE NUMBER OF FEMINIST AND QUEER PEOPLE!
isn't that great?
OF COURSE!
it means we're really A BIG STRONG BUNCH OF PEOPLE!

and then this weekend was the expozine montreal.
http://www.expozine.ca/

except for the fact that the guys on the stand on my left were jerks (they were so jerks that i was forced to tell them), it was really amazing. People do really good stuff. I'm impressed.
What i love the most is the fact of meeting queer and feminist distro coming fom toronto, ottawa and montreal! What? yes, montreal has another riot feminist queer punk distro and i didn't know it!?
They work mostly with english-speaking zines, really cool stuff and people with pink hair: great t-shirts. interesting zines on indegenous issues (which i don't have for the moment), wymen health, and even a collectif zine by grrrlz from europe and north-america. And i din't know this? Specially that some people i know in europe have worked for this zine! U guess it: i fall in love with this distro and hope we'll work together:
UNDER THE PAVEMENT (anarcho/feminist distro):
www.geocities.com/underthepavement

I also learnt that there's going to be a queer zine and art festival in toronto next summer...
and i met really nice people doing very interesting queer and not queer stuff. Microcosm were there with their huge stand of great books and zines, People's Potato, SO MTL Skillshare, L'Insoumise (stand neighbours on the right)...and other great people and things i cannot even remember their names (sorry!!!)

Anyway, it means i've got so many new zines to share with all of you! I discover that i will be distributing 132 queer and feminist zines from now on!!! I'm always starving on zines so please send yours to me! I try to get my brains in order to start a real distro. I know i already do a distro but i need to find at least a name.

I got all the Doris i could (and u should get them aswell, they're great), and a lot of zines on QPOC, race riot, ableism and classism within queer community, somme issues of redwire (indegenous activist magazine), feminist activism in palestina and southeast asia, a big mama zine, angry grrrls collectif zines and some other nice stuff (as u see almost all is in english).
So back to the beginning, i was a little bit tired of moving my distro from one place to another. Sometimes i feel quite alone while i pull my boxes under the snow or i have to be behind a table for hours while all my friends are talking and having fun with each other. The expo-zine was a real good natural pill, i feel much better, motivation is bursting all over me and my bed where i read all my new zines.
Keep doing zines and diy stuff.
Keep distributing, sending, receiving, meeting new people, going to parties, festivals, and pulling boxes in the metro, under the snow, under the rain.
Keep on fighting against copy machines, get free copies as much as u can.

I almost forget!
if u want to get the .pdf file of #8 get in touch with me
lolagouine@yahoo.fr

don't send a message through the blog
as i won't get yr mail (so i won't be able to send u back the .pdf file!). And remember it's in letter format, which is a little bit different from european A4 format, but i'm sure u'll get to print it.

take care!!!

Tuesday, November 06, 2007

# 8 lancement zine launching!



IL PLEUT DES GOUINES #8 / IT'S RAINING DYKES # 8

ton favourite bilingual Radical Queer Zine est de retour en ville,

the subject?
CECI EST NOTRE ESPACE (donc, comment nous queer ressentons, construissont et récupéront l'espace urbain)
/THIS IS OUR SPACE! (so how we, queers feel and build and take back the urban space)


- our spaces, our words (queer spaces experiences et réfexions à montréal -centre 2110- et à madrid - la eskalera karakola-)
- CentresSociauxAutogérés
- homophoby/genderphoby: getting battered in the outside world
- un Village à nous?: et si on ne le veut pas
- la necessité des "ghettos": queer ghettos, QPOC ghettos, POC ghettos, only-girlz ghettos, ou comment la société dominante se sente elle exclue.
- take the city back
- build your own backroom
- lovely winter montreal
- boîte à zines
- riot queer comix

et une belle carte en-construction des espaces queer and queer-friendy à MTL!
and a beautiful on-progress map of queer and queer-friendly spaces in MTL!

(envoyez vos propositions pour la carte!/send yr propositions for the map)

LANCEMENT ZINE LAUNCHING

22 NOV 2007
5pm-7pm

pendant “LE” 5 à 7 Féministe/
during “THE” Feminist Happy Hour
L’Amère à boire, 2049, rue St-Denis,
metro berri-uqam / sherbrooke



for comments/questions/propositions/critics/ideas/whatever....(ilpleutdesgouines/it'srainingdykes)
looks for queer people wanting to take part in the adventure!)


lolagouine@yahoo.fr
ilpleutdesgouines.blogspot.com

ups!



Petit changement,

de la couleur sur des affiches et des affiches pas forcement queers...
serai-je en train de me vendre sur le marché?

C'est l'affiche pour le festival de jeunes chorales non-réligieuses qui organise ma grande tite soeur, donc ça vaut bien la peine de la faire cette affiche pour la voir contente.

Des affiches partout avec des arbres qui chantent,crient ou parlent, affiches écolochanteuses....
à vous de juger.

Saturday, November 03, 2007

LES VILLES QUI NOUS ENFERMENT




Promenade sur Ontario.
Pour celles qui ne sont pas à Montréal: Ontario, quartier Hochelaga, est la victime de la gentrification incesente de nos villes occidentales. Dans chaque ville il y a un Ontario, un quartier, une rue populaire qui se fait démolir et squatter legalement par l'urbanisme capitaliste.

L'urbanisme est politique.
L'architecture est politique.

Car ils façonne notre façon de bouger, d'exister, d'habiter et de percevoir un space. Ils interdissent, ils previennent, ils limitent. L'urbanisme capitaliste donne la priorité aux classes moyennes-bourgoises, à la police, à l'état. Il laisse de moins en moins la place pour des espaces autres, des fichtres, des lieux libres, des lieux à squatter, à s'organiser et à vivre.
Les avenues parisiennes ont été construites pour éviter les barricades et les émeutes après la Commune. À Barcelone on gentrifie le Raval et la Barceloneta, des quartiers non intégrés aux système grille de la ville, des endroits où les murs appartiennent à ceux qui marchent et les vêtements pendent encore en dehors des fênetres (cette pratique a été interdite dans toutes les villes de l'espagne). À Berlin on efface le Mur, et pas seulement matériellement: on augmente les loyers, on nettoye, on capitalise car tout le monde sait que le capitalisme est la voie du bonheur.


Les sans-logements, sans-boulots, sans-papiers, sans-identités sont évictés de nos grandes villes depuis longtemps. On les balaie ailleurs, dans des cités incommuniquées et insalubres, ailleurs on ne sait pas où, mais pas ici.
Les militants, les temps-partiels, les salaires-minimum, les non-heritiers, sont aussi évictés des villes. Le centre ville appartient à une classe moyenne élévée qui rêve d'être bourgeoise pour partir dans les banlieus propres (encerclées souvent pas des grilles au cas où quelqu'un des cités oserait y aller se promener). Les ancients habitants de ces quartiers, expulsés légalement et immoralement, vendent maintenant L'Itinérant aux nouveaux habitants.

Ontario est l'une de seules rues à Montréal qui change de nom: en arrivant au centre ville elle devient Avenue du President Kennedy. C'est peut-être parce que ça ne le fait pas d'habiter, de travailler sur la rue Ontario quand on est un grand fonctionnaire, un avocat, un quelconque qui ne veut pas se tâcher les mains avec la crasse propre à la rue Ontario.

Nos villes occidentales ont de quoi nous inquiéter.
Surtout parce que le milieu militant réagit mieux aux lois, aux propos écrits et verbaux des nos gouvernements qu'à la mise en pratique d'un capitalisme féroce sur l'espace. C'est ça ni plus ni moins cet urbanisme: des briques autoritaires autour de nos luttes. Tant qu'on ne réagît pas à cette construction de prison-villes, le chemin de nos idéaux et de nos luttes restera bloqué.
La révolution a besoin d'être pensée mais elle a besoin de l'espace pour exister.